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Vins sans sulfites, bio, biodynamiques, naturels : que buvons-nous vraiment ?

Vins sans sulfites, bio, biodynamiques, naturels : que buvons-nous vraiment ?

On observe une recrudescence de vins bio en restaurant, en rayon ou encore chez les cavistes. Ce qui passait pour un phénomène de mode il y a encore quelques années, voire comme irrationnel il y a quelques décennies est en passe de devenir une nouvelle norme. Loin d’être une nouveauté, le retour à la terre, ou la « viticulture raisonnée », est en pratique plus proche d’un retour en arrière que d’une innovation.

Les pesticides chimiques tels que nous les connaissons ont émergé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle. Leur utilisation a commencé à se répandre de manière exponentielle après guerre jusqu’aux années 90. Le secteur viticole est un très gros client des industries chimiques : n’occupant qu’une petite partie de la Surface Agricole Utile (SAU) française, la culture du raisin représente 20% de la totalité des pesticides utilisés en France. Ceux-ci traitent notamment le mildiou, le phylloxéra ou encore l’oïdium. Bien que ces maladies aient toujours existées, leur traitement par pesticide chimique est assez récent si l’on se réfère aux débuts de la viticulture, soit plus de 3000 ans avant notre ère.

Pourquoi les pesticides ont-ils fait leur place, comment nous impactent-ils, comment s’informer sur les bonnes pratiques et – in extenso – choisir son vin !

L’arrivée des produits phytosanitaires et leurs conséquences

Au XIXe siècle, la chimie se développe permettant l’essor de nouveaux produits destinés à protéger les cultures des parasites. Si cette progression est majoritairement portée par l’usage du sulfate de cuivre (comme dans la bouillie bordelaise, qui laisse de petites traces bleues sur les feuilles de vignes), on observe un basculement vers les produits chlorés pendant le XXe siècle, notamment avec la découverte par Muller de l’insecticide DDT dans les années 30.

Aujourd’hui, on compte des centaines de fongicides, de pesticides et même de régulateurs de croissance de vignes. C’est à se demander comment faisaient nos ancêtres pour cultiver du raisin il y a 5000 ans…

Les conséquences de cet essor sont multiples : appauvrissement des sols, atteinte à la biodiversité, baisse de la qualité du vin, mais surtout mise en danger de la vie des viticulteurs et des consommateurs. les sulfites notamment – dont on ne sait toujours pas avec exactitude si elles contribuent aux maux de tête du lendemain – sont allergènes. De manière générale les pesticides altèrent le goût du vin, comme le décrivent Gilles-Éric Séralini et Jérôme Douzelet dans leur ouvrage « le goût des pesticides dans le vin ». Les auteurs alertent sur les doses de pesticides retrouvées dans le vin conventionnel (non bio) jusqu’á 3000 fois supérieures aux seuils autorisés dans l’eau courante. Il s’agit d’un vrai sujet gustatif et sanitaire.

Les substances toxiques dans le vin : une réalité potentiellement dangereuse

Pour aider le consommateur à s’informer sur les pratiques des vignerons tant lors de la culture du raisin que de l’élevage du vin, de nombreux labels ont vu le jour.

S’informer sur la qualité de son vin : les différents labels

Avant de parler de label, il convient de faire une précision de taille. Les labels possèdent des cahiers des charges stricts. Obtenir et conserver une labellisation représente un coût substantiel en termes de démarches et d’efforts. Certains vignerons renoncent à se lancer dans ces démarches de certification bien qu’ils effectuent un travail au moins aussi vertueux que ce que requièrent les labels. On peut même trouver des vins non labellisés issus de meilleurs pratiques sanitaires et environnementales qu’une bouteille arborant foison de logos. C’est rare mais ça existe. D’ailleurs, comme nous l’indiquions dans un précédent article, les vins les plus chers et les plus réputés du monde, ceux de la Romanée-Conti, sont issus de vignes en biodynamie, sans aucun label.

Il convient tout de même de reconnaître que les labels sont garants de bonnes pratiques. L’objectif de cet article est de les présenter et expliciter.

Les labels non bio

Le label Haute Valeur Environnementale (HVE)

Il s’agit d’un label public : il est régi par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Mis en place à l’occasion du Grenelle de l’Environnement en 2007, il vise à promouvoir les agriculteurs ayant de bonnes pratiques en termes de produits chimiques, de gestion de la ressource aqueuse, de respect de la biodiversité et d’usage de fertilisants. Il n’interdit pas les pesticides de synthèse et ne juge pas de la qualité du produit. Il se décline en trois niveaux, HVE1 étant le moins contraignant et HVE3 le plus garant d’une agriculture de qualité.
Chez Fundovino, nous avons choisi de ne considérer que le HVE3, les deux autres nous semblent trop peu sélectifs pour qualifier de bonnes pratiques viticoles.

Le label Terra vitis

Le Label Terra Vitis est l’expression de la volonté de vignerons, originaires du Beaujolais, pour valoriser leurs pratiques plus justes et saines en agriculture : culture raisonnée, bien-être des travailleurs et gestion des déchets sont primordiaux dans ce label. Désormais affiché par des vignerons de la France entière, il n’impose pas le bio et n’interdit pas les pesticides : dès lors, il faut le considérer avec précaution car il ne donne que peu d’indication sur la méthode de culture du raisin.

Le label Nature et progrès

Ce label s’assure que les pratiques culturales soient respectueuses de l’environnement. Les taux de sulfites autorisés sont deux fois moins importants qu’avec le label bio, l’usage de pesticides de synthèses est interdit. C’est un label dont le fonctionnement singulier est lui même garant de sérieux: le contrôle de la qualité de l’agriculture n’est pas effectué par le comité du label mais par les pairs du vignerons eux même labellisés Nature & Progrès. Ainsi, chacun est responsable du bon respect des pré requis de la certification.

Les labels bio

Le label agriculture biologique / Eurofeuille

Il s’agit en réalité de deux labels distincts : le label AB Agriculture Biologique et le label Eurofeuille. Le premier, mis en place en 1985 par le Ministère de l’Agriculture interdit l’utilisation des pesticides de synthèses ainsi que l’ajout de produits non naturels lors de l’élevage du vin. Les doses de cuivre (utilisé dans la bouillie bordelaise évoquée ci-avant) et de sulfites sont limitées. Le label Eurofeuille est quant à lui un produit de l’Union Européenne. Il possède les mêmes revendications que le label AB tout en étant moins contraignant. Cela a entrainé une baisse de l’exigence du label AB qui, pour que les législations françaises et européennes s’accordent, a du revoir ses demandes à la baisse. Le label Eurofeuille existe depuis 2010.

Le label Bio Cohérence

Label privé, l’étiquette Bio Cohérence s’est créée en 2010 suite à la mise en place d’Eurofeuille. Bio Cohérence vise à reprendre l’ancien cahier des charges du label AB. Cette certification veut réaffirmer la volonté d’une certification bio sans concession. Par exemple, les OGM sont interdits à 100% alors qu’une marge de 0,9% existe pour le label Eurofeuille. Idem pour la part d’ingrédients non bio, fixée à 5% par Eurofeuille et nulle chez Bio Cohérence. La certification Bio Cohérence se fait par les mêmes organismes que pour les labels Bio Eurofeuille et AB.

Les labels biodynamiques

Concept théorisé par Rudolf Steiner, la biodynamie dépasse l’agriculture biologique : la culture y est vue comme un écosystème qui doit s’équilibrer. Le rôle de l’exploitant est de maintenir cet équilibre. La biodynamie se base notamment sur les rythmes de la Lune et des planètes et repose sur des préparations ésotériques, qui ressemblent davantage à de l’homéopathie qu’à des traitements traditionnels au regarde les doses utilisées. Par exemple, la bouse de corne, très utilisée en viticulture, est dosée à raison de 100 grammes par hectares, soit 10 milligramme par m². Ceci peut sembler dérisoire et la biodynamie est souvent vue par ses détracteurs comme de l’ésotérisme.

Mais voilà, en 2020 une étude de l’INRAE de Dijon quant à l’impact des viticultures conventionnelle, bio et biodynamique sur les sols vient conforter les vignerons biodynamiques (comme Pommard ou château d’Yquem). L’étude se focalise sur les interactions microbiennes et fongiques dans les sols, lesquelles sont considérées comme primordiales pour attester de la qualité d’une terre. Si la viticulture conventionnelle ne permet que 1400 connexions entre micro-organismes vivants dans le sol, le mode de production bio en permet 1700, soit 21% de plus. Quand on étudie les sols cultivés en biodynamie, on arrive à 49 000 connexions, soit 29 fois plus qu’en bio. L’étude est toujours en cours et les chercheurs ne s’expliquent pour l’instant pas cette différence, mais force est de constater le puissant bénéfice de l’impact de la biodynamie sur les sols et, par conséquent, sur la qualité des vins. Vous pouvez retrouver l’intervention d’un des chercheurs sur ce sujet dans cette vidéo.

Le label Biodyvin

Le premier des deux labels biodynamiques. Spécifique au monde du vin, il permet d’attester de la pratique biodynamique des vignerons. C’est un label privé qui s’assure aussi du goût des vins labellisés : un comité goûte les vins et s’assure que leurs qualités gustatives sont suffisantes pour le label. Deux bémols : le contrôle des doses de pesticides n’est pas systématique pour les vins français et les pratiques sont plus encouragées que contraintes. Si ce label requiert que le vigneron soit déjà certifié Bio, il n’est pas aussi contraignant que le second label, Demeter.

Le label Demeter

Le label Demeter requiert lui aussi la certification en Bio du vigneron afin de prétendre à la labellisation. Demeter a été créé en 1932 pour suivre les enseignements de Rudolf Steiner. Il s’agit d’une organisation internationale. En plus d’un cahier des charges plus exigeant que celui du label Bio (les doses de cuivre et de sulfites autorisées sont inférieures de 30 à 200%), le label Demeter encadre aussi le bien-être des travailleurs et interdit les pratiques pouvant dénaturer le vin. Une certaine philosophie est aussi demandée au vigneron pour adhérer au label : ce n’est pas un label uniquement agricole.

A fin 2020, 468 viticulteurs certifiés et 84 en conversion.

Les vins « nature »

Le label S.A.I.N.S (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite) a, à l’instar du label Bio Cohérence, été créé suite à l’arrivée de la certification européenne Eurofeuille par réaction à la baisse d’exigence du cahier des charges Bio. Le contrepied est total : aucun ajout ou presque n’est autorisé ! Le label est régi par l’AVN – l’Association des Vins Naturels ».

Ceci peut donner des vins assez particuliers, loin de ce dont nous avons l’habitude. Si vous n’avez jamais tenté l’expérience, nous vous conseillons d’apporter un vin pétillant naturel, un « PetNat », à votre prochain apéro, effet garanti !

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