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Vitisphère a consacré un article sur un cépage étranger, qui nous sera probablement difficile à prononcer correctement : le rkatsileli. Ce cépage connu en Géorgie, Arénie ou en Ukraine se rapproche du Colombard et pourrait avoir des caractéristiques intéressantes pour s’adapter au réchauffement climatique. Ce cépage blanc, peu sensible à la pourriture, plutôt résistant aux gelées d’hiver et à maturation tardive, permet d’élaborer des vins blancs de haute qualité comme des vins doux naturels.

 

Le risque climatique devient de plus en plus important pour les viticulteurs

Depuis une quinzaine d’années, nous avons constaté et vécus plusieurs événements, autrefois extraordinaires. Nous pouvons recenser les canicules de 2003, 2006 et 2022, le printemps très chaud et très sec de 2011, les gelées de février 2012 et du printemps 2021, l’été très pluvieux en 2013, l’hiver 2015-2016 très doux.

Pendant l’hiver, la vigne accumule un certain nombre d’heures de froid et elle sort de sa dormance une fois que les températures remontent. Selon la bibliographie, il faut environ 10 jours à plus de 10°C pour commencer le débourrement. Avec les températures que nous avons eu cet hiver, le risque est que la vigne débourre en avance. En rendant plus précoce le débourrement, le réchauffement augmente le risque d’exposition au gel tardif de la végétation.

Cette année, nous avons vécu un hiver particulièrement doux avec très peu de précipitations. Les nappes phréatiques accusent environ deux mois de retard par rapport aux normes et février enregistre un nouveau record : 32 jours sans véritable pluie. Les prochains mois sont cruciaux pour limiter un état de stress hydrique pour la vigne.

En parallèle, dans les régions Nord de la France les précipitations sont plus nombreuses. La hausse des précipitations créent un environnement propice au développement de maladie, notamment de champignons, comme le mildiou et l’oïdium.

La fréquence des gelées de printemps est accrue, le risque augmente…

En Avril 2022, la Revue du Vin de France s’intéresse au lien entre l’augmentation du risque de gelée printanière et le dérèglement climatique. En 2021, les gelées d’avril ont causé une perte évaluée à un tiers de la récolte. Dans certaines régions, notamment en Bourgogne les pertes sont montées à plus de 80% voire 100% sur certaines parcelles. Une fois que les bourgeons sont sortis il suffit d’une seule nuit avec des températures inférieures à 0°C pendant plusieurs heures pour détruire la future récolte.

 

Des scientifiques du réseau international World Weather Attribution concluent que le risque d’événement autrefois inhabituels, de gelée en période de bourgeonnement, a augmenté d’environ 60% à cause du changement climatique. Ce phénomène risque d’augmenter. En effet, même avec l’objectif de +2°C des Accords de Paris, la probabilité de risque de ce type d’événement pourrait augmenter de 40%.

… mais il existe des actions pour protéger les vignes

Le rythme des viticulteurs est bouleversé. Les travaux de la vigne doivent prendre en compte les risques de gelé, de sécheresse, de grêle, des maladies etc. Quelques soient les travaux réalisés, l’IFV Occitanie rappelle qu’ils ne doivent pas être mis en place avant la fin de la dormance de la vigne.

  • Abriter les vignes, par exemple grâce aux arbres ou aux haies, permet de limiter d’environ 3 degrés en positif et en négatif, les fortes variations de températures. Cela permet également de retenir l’eau.
  • Pour lutter contre le gel printanier, ils peuvent réaliser la taille plus tard pour limiter le débourrement précoce.
  • La taille tardive peut être renforcée par un pliage tardif ce qui permettra de retarder le débourrement des yeux à la base de la baguette.
  • En cas de grêle, les dégâts sur vignes peuvent être très importants, ils peuvent affecter la récolte sur plusieurs années. Les viticulteurs peuvent tailler à différents moments selon la date de la grêle pour favoriser la repousse des sarments pour l’année suivante.
  • En cas de gel de printemps, la vigne reste en état de choc physiologique 2 à 3 semaines. La vigne va réagir différemment. Pour des dégâts supérieurs à 40%, récolte est partielle voire inexistante, il faudra veiller à assurer le bois de taille pour l’hiver et préserver l’architecture du cep pour préserver la récolte suivante. Après le gel, l’ébourgeonnage peut être utile pour éviter des travaux de taille longs et fastidieux l’année suivante.

L’accélération de la maturation des raisins

Avec le réchauffement la maturation des raisins est accélérée, la vendange est donc de plus en plus tôt : en 26 ans à St Emilion et dans les Côtes du Rhône les vendanges se font environ 15jours plus tôt, et 26 jours en Alsace. Il faut aussi noter qu’avec la sécheresse le cycle de la vigne peut s’arrêter. En état de stress hydrique la vigne va se mettre en mode « survie » ce qui peut bloquer la maturation des baies et potentiellement décaler la date de la vendange. Cela a été le cas en 2022 dans certaines régions, notamment dans le Bordelais ou le Languedoc.

 

Pour contrer la maturation précoce des raisins, l’enherbement et le couvert végétal peuvent être une solution. Cela permet de conserver l’eau et de maintenir la fraîcheur du sol. Aussi, en cas de sècheresse, conserver une vie microbienne du sol, avoir des terres plus vivantes, permet d’avoir plus de rétention d’eau. Grâce aux techniques de favorisation de la vie du sol, les racines plongent au plus profond de leurs sols pour aller chercher de l’eau et les minéraux essentiels à la bonne santé de la vigne. Selon Pierre-Henri Cosyns, vigneron Demeter dans la région de Bordeaux, les vignes cultivées en biodynamie ont plus de facilité pour gérer les aléas climatiques.

“Quand le climat est très sec, le sol restitue à la plante de la fraîcheur et lorsqu’il y a un excès hydrique, le sol, grâce à sa malléabilité, permet de tempérer l’excès”.

Il existe d’autres moyens pour faire évoluer son domaine et les pratiques culturales en tenant compte du changement climatique

Les vignerons peuvent également planter d’autres cépages, ancestraux ou étrangers pour limiter les effets du dérèglement climatique sur leur activité. Il existe des cépages dits « précoces » comme le Chardonnay qui sont donc plus exposés alors que d’autres cépages débourrent et maturent plus tard et peuvent donc être protégés naturellement de certains aléas climatiques.

 

Cette liste d’actions et d’impacts n’est malheureusement pas exhaustive. Les vignerons apprennent d’année en année, les actions qui peuvent protéger leur récolte selon les aléas. Même si certaines années se ressemblent l’importance et la gravité des événements sont variables rendant d’autant plus difficile pour les vignerons de s’adapter. Il existe beaucoup d’autres méthodes, plus ou moins couteuses, qui peuvent être mises en place (les bougies, les éoliennes, les hélicoptères etc.).

L’augmentation des températures n’a pas uniquement un impact sur le cycle de la vigne et le risque de perte de récolte. Cela peut aussi conduire à une hausse de la concentration en sucre dans les baies de raisins donc une hausse du degré alcoolique des vins et une baisse de l’acidité, altérant le profil des vins.

Souhaitons à nos vignerons un beau millésime 2023, avec moins d’embuches que ce qu’ils ont pu vivre ces dernières années. En soutenant l’un des projets Fundovino vous aurez l’occasion de suivre l’aventure du domaine et de découvrir de l’intérieur la viticulture artisanale et familiale.

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